Le triste sort de l'Hôtel Altenberg (1/2) : 14 août - Charles Barberot (2023)

Alors que je consultais récemment une collection de photos à la recherche de photos du 133 RI, une intéressante séquence de clichésHôtel AltenbergCela attire mon attention. Un hôtel traversé dans les écrits deLuis de Corcellesquand ce dernier est partichou de batailleen juin 1915 pour se rendre à Gaschney, face à la cote 830, avec les deux bataillons du 133 RI. Mon commentaire dans le livre a comparé cette déclaration à celle du Dr.Joseph Saint Pierre, qui s'y arrêta fin août 1914 lors de la grande retraite vers les cols vosgiens. Ouvrage emblématique du col du Schlücht, ce carrefour stratégique des troupes françaises entre l'Alsace et les Vosges, l'hôtel Altenberg a souffert des atrocités de la guerre. . Mais notre époque récente rivalise avec les projectiles par leurs propres moyens de destruction. En 2020, l'hôtel est toujours en train de mourir.

Quand l'Hôtel Altenberg reçoit le gratin d'Europe

L'hôtel français devant l'Altenberg

Lorsque la construction de l'hôtel Altenberg a commencé en 1894, la frontière franco-allemande franchissait le col des gorges depuis la fin de la guerre en 1870/71. Le col lui-même est traversé par une route construite 13 ans plus tôt, entre 1842 et 1858, dont le but est de relier les deux vallées florissantes de Munster et de Vologne avec de nombreuses usines textiles.

sites français,Théodoro Defranouxdéjà en 1887 un hôtel appelé "hôtel français', ou 'Hôtel Defranoux' - à l'emplacement de l'ancienne auberge de sa belle famille alsacienne Mohr. Son hôtel profite de la proximité de la frontière, du patriotisme vengeur qui pousse de nombreux visiteurs à observer l'Alsace, et de la présence importante de militaires et d'officiers. L'hôtel sera le plus fréquenté de la région durant toute la période d'avant-guerre. De nombreux officiers français, mais aussi allemands, s'y rendirent. Son propriétaire est également soupçonné de tropisme par l'Allemagne, voire d'espionnage. Il sera enfermé dans une maison de retraite pendant un certain temps. Enfin, au tournant du siècle, l'hôtel est confié à différents gérants (voirIciun article détaillé sur l'histoire d'avant-guerre de l'hôtel).

Construction de l'hôtel Altenberg

La construction de l'hôtel Altenberg débute en 1894 à l'initiative deAlfred Hartman, issu d'une famille d'industriels de Munster. Il s'agit de construire une maison haut de gamme pouvant loger une clientèle fortunée. L'établissement fut achevé en 1896 et confié à la direction d'un majordome suisse. Situé à 1080 mètres d'altitude, il offre un panorama époustouflant sur l'Alsace, la Forêt Noire et permet d'apercevoir les Alpes Bernoises par temps clair. Ses 40 chambres offrent 60 lits et la maison possède 2 salles à manger, 2 salons et une cafétéria. L'hôtel est électrifié et chauffé à la vapeur, dispose d'un téléphone, d'un court de tennis à Montabey et d'un golf à Trois-Fours. L'eau provient de sources voisines dont les parcelles sont en vente.

Renommée et Tramway

Jusqu'à la guerre, c'était la patrie des Gothaer Gratins, en particulier Raymond Poincaré, futur président de la République, la reine Wilhelmine des Pays-Bas, le Kaiser Wilhelm II et leurs enfants...

Pour un accès facile,En 1907, un chemin de fer à crémaillère a été construit. Vous pouvez rejoindre l'hôtel en une heure depuis la gare de Münster. C'est le chemin de fer le plus haut du Reich allemand.

Côté français, un tramway est également construit en 1904 pour rejoindre le col de Gérardmer. Une victoire compétitive en quelque sorte...

L'hôtel Altenberg pendant la guerre

Conquête du col et campagne en Alsace

Le 4 août 1914, au lendemain de la déclaration officielle de guerre, le152e régiment d'infanterie(le célèbre 15-2) de la 81e brigade, stationnée à proximité de Gérardmer avant la guerre, a pris d'assaut le col de Schlücht et, après une brève résistance allemande, l'a occupé. Le passage est resté français jusqu'à la fin de la guerre.

En août 1914, les Français mènent deux campagnes en Alsace. La première (7-11 août), mal préparée et non soutenue, a d'abord réussi mais s'est terminée par une retraite après une contre-offensive allemande. Avec les renforts, une seconde offensive mieux organisée pour réoccuper Mulhouse débute le 14 août. La reconnaissance française s'étend jusqu'à Colmar. Les troupes restèrent plusieurs jours et cantonnèrent sans avancer jusqu'au Rhin.Les défaites en Lorraine et la retraite de l'armée française dans la Marne marquèrent la fin de ce succès français. Le 24 août, l'ordre est donné de quitter Mulhouse et de regagner les Vosges par les cols.

La retraite des derniers jours d'août 1914

L'ordre de retrait surprend les soldats français. La reddition d'un terrain durement gagné et symbolique suscite des malentendus : les fantassins du 133 RI et du 23 RI, les deux régiments de la 82e brigade de la 41e division, entament une très longue marche.

Prenons le cas du 133rd Infantry Regiment et de son 1st Battalion (Barberot). Il roule toute la nuit pour rejoindre Soultz avant Colmar le 25 août. Le lendemain, la retraite se poursuit vers Munstertal, où l'ordre de défendre les routes de montagne est donné. Le 1er bataillon s'installe à Soultematt où il effectue sa mission défensive le 27 août en attendant la relève du 15e bataillon Jäger. Le 28 août, l'usine reprend ses activités. Le 29, sous une chaleur étouffante, il parcourt près de 40 km et grimpe plus de 1 600 mètres pour arriver la nuit suivante au col de lagorge, où il s'enferme, épuisé.Le lendemain, 30 août, il bouclera les 25 kilomètres restants qui lui permettront de rejoindre Fraize vers 10h00.

Parmi les militaires dont les voyages ont été publiés sur ce blog, plusieurs participent à cette dure retraite. regarde les capitainesGesangetJuvanon du Vachat, le lieutenantHenri Jean Desbazeilleet le sous-lieutenantLéon, "Henri", Louis Millet, deux decinq officiers enterrés à La Croix aux Mines, lieutenantsCornet AuquieretJacques Pieburgo, sergentVuillermettu les as venduJanodetetJohn.

Témoignages de la retraite du 28./29./30. août 1914

Trois témoignages intéressants racontent le passage au col de la gorge et la vue depuis l'hôtel Altenberg.

ÖSoldat Joseph-Eugène Comtedu 133rd IR (1st Company, 1st Battalion, voir leurs autres références surComment luttez-vous contre le laissez-passer du journal?et pasune défense victorieuse par Battant de Bourras), écrit le 28 août et plus tard le 29 août 1914 :

A 17h nous avons quitté Gischwiller, passé Soulzmatt, de ce terrain nous avons traversé une très longue forêt, nous ne voyions pas de col, nous avons eu beaucoup de problèmes. Finalement à 2h du matin nous avons traversé Munster où nous pensions être emprisonnés mais avons dû nous rendre à Altenberg. Nous avons dormi dans une maison avec seulement des murs.

29 août : Après 3 heures de repos et de consommation de jus sur le chemin des gorges. Sur le chemin, nous avons vu de nombreux cadavres de chevaux, de fers à cheval, de vêtements, de sacs, d'équipements, de voitures accidentées et de tombes de soldats avec une petite croix, parfois avec des noms ou des casquettes (c'est terrible). A Gorge, où nous sommes arrivés vers 9 heures du matin, nous nous sommes retrouvés dans un hôtel "Hôtel Français" complètement saccagé, les caves inondées de barriques cassées qu'il était impossible de boire ou d'emporter, de bouteilles cassées. Vaisselle éparpillée dans les cuisines et les salles à manger, miroirs brisés ou cassés, terrasses pleines de détritus de toutes sortes, chambres saccagées, meubles cassés, draps éparpillés, portes cassées.

Nous avons des matelas pour dormir. Nous avons eu la soupe que nous pensions être bonne car nous n'avons eu qu'un litre de jus depuis Altenberg. Nous sommes allés nous coucher dès que nous sommes rentrés.

30 août : Départ à 4h, arrivée à Fraize à 11h…

le soldatJosé Laurent Phoenixdu 133rd IR (4th Company, 1st Battalion) rapporte également leur ascension vers les cols :

Nous prenons la direction du col de lagorge. Nous étions sur une haute colline, nous pouvions voir les villages en contrebas, et quand nous sommes arrivés à une forêt de pins, nous avons vu là une voie ferrée pour les chemins de fer à crémaillère. Et au sommet se trouvait un grand hôtel qui aurait appartenu à Guillaume II. Nous sommes entrés dans cet hôtel, il n'y avait personne, il y avait des chambres spacieuses remplies de fauteuils luxueux et de toutes sortes de meubles luxueux. Il y avait un bâtiment spécial pour la cuisine et nous pouvions cuisiner quelque chose. Nous dormions dans des fauteuils. Le lendemain, nous sommes sortis en voiture et alors que nous traversions le col de la gorge, il y avait plusieurs beaux hôtels. Puis il traversa une grande forêt de sapins, c'était les Vosges, que les Boches avaient déjà commencé à envahir.

SergentCarlos Aguétantdu 23 RI il écrit en 1916 dans son carnet édité par son père (ancien maire d'Amberieu-en-Bugey) pendant la guerre :

29 août : Le matin nous quittons Günsbach pour Gérardmer. Nous avons traversé la frontière pour la quatrième fois. Nous faisons l'une des randonnées les plus difficiles que nous ayons eues ce jour-là. Nous arrivâmes à l'hôtel d'Altenberg, que fréquentait Guillaume II ; Tout y est pillé, on y fait du feu avec du bois, des miroirs, des horloges, des chaises, etc. Après le repas nous sommes allés à Gérardmer. Nous sommes au Schlüchtpass, nous passons devant le chalet allemand, puis l'hôtel allemand, puis l'hôtel français : les deux sont pillés.

Enfin, il y a la déclaration du médecin.Joseph Saint Pierre, du 23e régiment d'infanterie.L'officier s'arrête d'un pas et jette un coup d'œil sur le bâtiment. Il écrit dans son journal le 28 août 1914 :

Départ 6 heures vers Munster. Scierie détruite par des obus. Une grenade a touché le site de Münster et a fait exploser le poste de garde. On a surpris le maire en train d'appeler les Boches et on les a fusillés. Devant le conseil de guerre, nous avons acquitté le gendarme de Wittenheim, qui usera sans doute de représailles à son retour. Munster, belle petite ville. Nous avons commencé à escalader la gorge... beaucoup de boches poilus... brumeux et froids heureusement. Les hommes tiennent bien cette montée de 11km, mais il n'y a rien à voir. Les deux frères jumeaux Faivre sont assis sous le même manteau pendant la pause, ils ont l'air de deux enfants, de pauvres enfants. Obus d'artillerie... Voici un chemin où un chasseur à pied a démonté une dizaine de boches... Voici le funiculaire... Dans la colonne je reconnais Guichon de "La Pierre" de Nantua. Je termine la montée avec lui. Il vient de Paris et pense que c'est mauvais au début ! Enfin, voici le conseil : Hôtel d'Altenberg (Maison allemande). Il est excellent mais dans quel état ! Les hommes sont assis dans la cour. Je visite : la cave a été vidée... les artilleurs mangent dans la véranda... les chambres sont endommagées. Nous avons remis de l'ordre dans la salle à manger et le salon, où il ne reste plus rien de nouveau à l'exception de deux magnifiques lustres en cristal qui semblent étourdis par le spectacle. bon piano De Seroux triomphe et nous joue admirablement... De beaux jardins boisés... Des terrasses, des esplanades... Des vues dans la... brume. Je parle à un assistant de la guerre. C'est lui qui a tué le chevalier Boche à La Chapelle en ajoutant : « Voici votre pipe », qu'il fume prosaïquement.

Je vais aussi à l'Hôtel français volé. Je reconnais l'endroit où Amand a été photographié pendant ses 28 jours avec Chamelet. Je vais trouver une chambre... dîner en bas avec Ct puis aller me coucher en haut. Le lieutenant Muller trouve un maître d'équipage dans son lit avec Perret et la jette dehors. J'invite Didi car j'ai un lit de disponible... je suppose... Cet hôtel s'est transformé en bazar ! Gorge vers Colmar.

Le 29 août, il écrit

Le funiculaire descend les blessés venant de Colmar. Trottez jusqu'à Altenberg pour la vue sur Munster : un peu brumeux mais super... jolis enchaînements de vallons avec des vallons convergents... la plaine en arrière-plan. Ce serait dommage de le leur laisser. Je reviendrai. Piano dans un hôtel voisin. ce sous-lieutenant. Jouez à Wendling, mauvais. Les Boches ont fait sauter la route, le génie la répare.

Descente vers Gérardmer. J'irai.

Deuxième partie :crépuscule

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Author: Jerrold Considine

Last Updated: 28/01/2023

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